Comment mieux voir et être vu ?
Un petit point d’étape sur le développement de dispositifs de prévention des collisions en vol pour aider les pilotes à améliorer la surveillance de leur environnement dans le concept « voir et être vu » propre au vol VFR, en leur indiquant par une aide visuelle et/ou sonore la proximité et la direction d’un autre aéronef à proximité.
Toute la communauté aéronautique a été très marquée l’an passé par le drame de la collision en vol entre un ULM et un avion qui a fait 4 victimes avec à leur bord 2 pilotes particulièrement prudents et expérimentés. Plus récemment, un accident similaire a eu lieu entre 2 ULM qui se sont percutés en vol et par chance, il n’y a pas eu de victime. Quel pilote n’a pas un jour été surpris par un autre aéronef qu’il n’avait pas vu ?
Ce risque demeure une préoccupation majeure pour l’ensemble des pratiquants de l’aviation VFR.
Le dispositif FLARM est généralisé depuis une bonne dizaine d’années sur les planeurs, ce qui a permis de réduire très efficacement les risques de collisions qui étaient par le passé la principale cause d’accident en planeur. L’intérêt de ce dispositif n’est donc plus à démontrer. Mais la limite de ce système est son coût élevé pour nos ULM, son installation et sa consommation électrique pas toujours adaptée à tous nos aéronefs ultra légers, voire même non motorisés, tels que les parapentes.
Les progrès de l’électronique, la miniaturisation, les performances de nos smartphones et la couverture au sol du réseau GSM permettent à présent d’envisager pour un très proche avenir l’utilisation en vol de dispositifs interconnectés au réseau internet qui permettraient un échange en temps réel des données de positionnement et d’alerte de proximité entre des aéronefs en vol.
Quelques matériels et applications simples et économiques commencent à être disponibles sur le marché et d‘autres sont en cours d’expérimentions avec des résultats très prometteurs, notamment par le biais de l’utilisation de la couverture GSM qui fonctionne très bien du sol jusqu’à environ 5 000 ft de hauteur (c’est là où il y a le plus de risques) et qui couvre plus de 95 % du territoire ; c’est bien mieux que la couverture radar avec les transpondeurs…
Pour faire court, chaque smartphone ou petit équipement intégrant un GPS pourrait d’ici peu se transformer en « mini transpondeur » anonyme et ainsi, connecté à un serveur via le réseau GSM, simultanément transmettre sa position et son altitude et aussi récupérer les données des autres aéronefs équipés situés à proximité.
La DGAC, le BEA et aussi l’EASA se montrent particulièrement ouverts et encouragent le développement de ces dispositifs non certifiés, conscients que c’est la clé du succès pour aller vite avec du matériel économiquement accessible, garant d’une large utilisation volontaire par tous les pilotes.
Pour améliorer la fiabilité de l’information, quelques difficultés, à priori surmontables, sont à prendre en compte telles que la nécessaire « interopérabilité » des différents systèmes existants entre eux par un partage ouvert des données de positionnement et ceci quel que soit l’opérateur (il s’agit de sécurité et de l’intérêt général). Et aussi, comme c’est déjà le cas pour l’ADS-B, l’idéal serait d’avoir la possibilité de faire remonter sur un serveur les positions des échos des transpondeurs modes S qui sont encore les plus communément utilisés sur les aéronefs de loisirs.
En bref, à l’image de la célèbre application Waze que nous utilisons sur les routes, voici nous l’espérons pour très bientôt le « Flight Radar » de l’aviation légère… pour nous aider à mieux voir ce qui se passe autour de nous !
Waze et Flight Radar, deux applications disponibles sur vos smartphones
Aucun système ne remplacera le « voir et être vu », mais toutes les informations en temps réel contributives à la sécurité apportée aux pilotes permettent de réduire le risque, c’est tout le sens et l’intérêt de ces équipements.
À l’issue de ces essais que nous partageons aussi avec d’autres pays européens, nous espérons revenir très vite vers vous avec des solutions concrètes dans les prochaines semaines.
Louis Collardeau
1er Vice-Président de la FFPLUM
Président de l'EMF