L'analyse de l'Analyste - BSV n°54
Le 8 octobre 2017, un ULM multiaxes Funk FK12 Comet S1 décolle de l’aérodrome de Nogaro, en configuration lisse, et effectue un virage serré de 180° pour un passage au-dessus des amis.
Il percute le sol environ 8 secondes après et prend feu immédiatement.
Malgré l’intervention très rapide des secours, la violence de l’incendie ne permet pas de sortir le pilote et le passager qui ne survivront pas à leurs brûlures.
Rapport complet consultable sur le site du BEA dossier BEA2015-0134
https://www.bea.aero/uploads/tx_elydbrapports/BEA2017-0579.pdf
Le FK12 est un ULM multiaxes biplan, désigné comme maniable et réactif pour pilotes exigeants. Il n’en demeure pas moins que les manœuvres acrobatiques y compris les vrilles et virages avec des inclinaisons supérieures à 60° lui sont interdites. Par ailleurs, sa vitesse de décrochage en lisse est de 75 km/h.
La manœuvre d’inversion serrée réalisée juste après le décollage a atteint, lors de la ressource, les limites aérodynamiques de l’appareil. Le peu de hauteur sol n’a pas permis de récupérer le décrochage du FK12.
Il est important de comprendre qu’un décrochage peut survenir à n'importe quelle vitesse, du moment que l'incidence dépasse le coefficient de portance maximum.
Beaucoup d’accidents, liés à une perte de contrôle en vols, sont consécutifs à une manœuvre brutale en assiette ou en roulis, le tout associé à une vitesse insuffisante. En effet, le décrochage dynamique peut survenir à une vitesse supérieure à la vitesse de sustentation (Vs).
Le décrochage dynamique n’est pas dû à une perte de vitesse, mais à une perte de portance, provoquée par une incidence trop grande, le phénomène est accentué si une dissymétrie s’installe.
Voyons ici le ratio d’augmentation de la vitesse de décrochage au regard de l’inclinaison et du facteur de charge.
Dans ce vol, le raisonnement et la décision du Commandant de bord étaient basés sur une perception des risques issus de sa seule expérience, son cursus précédent y a certainement participé.
Biais d’optimisme, biais de perception sélective, excès de confiance, les pollutions mentales qui ont pu affecter la décision de ce pilote nous concernent tous.
Le sensationnel peut entraîner une utilisation non conforme qui, in fine, provoque une sortie du domaine de vol de cet ULM.
Quel que soit le type d’Aéronef, gardons à l’esprit que les règles aérodynamiques de diminution de performance en fonction du roulis et du facteur de charge n’échappent pas aux ULM.
Le respect des limites d’inclinaison et de vitesse de sa machine permet de ménager à tout moment, une marge de sécurité salutaire.
Laurent Kerbrat
Analyste Sécurité des Vols
Edito
Pilote de loisir
Notre activité favorite, le pilotage d´aéronefs ultra-légers motorisés est une activité récréative et de loisir. Bien entendu, cette activité est extrêmement exigeante du point de vue de la formation, de l’entraînement et du maintien des connaissances, car c’est la seule manière de garantir un haut niveau de sécurité des vols lorsqu’on la pratique.
Le Tuto Mécano
Dans ce nouvel épisode des Tutos Mécanos, Peyo et Thomas nous apprennent comment bien effectuer la vidange moteur de sa machine.
La Sécurité en Chiffres
Le tableau ci-dessous résume les statistiques des accidents enregistrés du 1er janvier au 30 septembre 2018, en classant les victimes par gravité et en distinguant les accidents purement matériels. Le second tableau représente les accidents d’ULM immatriculés en France mais qui ont eu lieu à l’étranger et avec des équipages étrangers.
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